Les habitants de l’Ancien monde, eux, ont été châtrés, des « capitaines d’industries sans couilles et sans prestige » au « prolétariat conscient et asexué » (LC, p. 190). L’écart est parfois spectaculaire entre les commentaires désabusés de l’écrivain et les photos de Doisneau captant la joie d’une longue farandole d’adolescents le long d’immeubles ou la fragilité souriante d’enfants qui se rendent à la laiterie32. 29 Blaise Cendrars, Moravagine [1926], Œuvres complètes, Denoël t. II, 1961, p. 385. Tout se passe comme si Cendrars avait voulu rompre avec sa double culture, sa double identité, à la fois francophone et germanique (alémanique), éradiquer le boche qui était en lui en s’engageant en 1914 – c’est là la thèse centrale de Claude Leroy8. Et comment voulez-vous que cela finisse sinon par la guerre des gaz, l’asphyxie générale ? Parce que je déteste les Boches.– Vous n’êtes pas logique avec vous-même, Blaise Cendrars.– Heureusement ! Il voyage beaucoup et peaufine sa légende de bourlingueur et d’aventurier en écrivant abondamment pour les journaux. 33Le peuple apparaît alors sous la forme de pêcheurs, de pauvres gens (et surtout de braves gens), d’ouvriers et d’artisans aux métiers les plus extraordinaires (égoutier ou scaphandrier), de “tribus” de chiffonniers (BP, p. 423), de romanichels (comme ceux qui logent derrière chez Paquita dans L’Homme foudroyé), de “gitanes”30, de voyous et de titis parisiens, de marginaux, de pauvres ères dépravés, voire abrutis (tel « l’homme aux rats » dans BP, p. 377), « des êtres de la nuit n’appartenant à aucun parti […] des êtres comme il en grouille dans les bas-fonds » (BP, p. 423), d’habitants de la « zone », de mendiants, de gardiens de moutons (BP, p. 434), de saints choisis parmi les plus humbles comme saint Joseph de Cupertino ou frère Jean, pauvre jardinier et saint « de l’humilité pure » (LC, p. 47)…. C’est le poète qui parle et rassure Jehanne, l’invitant à laisser de côté la mélancolie répété d’un vers à l’autre : « Les inquiétudes / Oublie les inquiétudes » car « ton chagrin ricane ». Cendrars a alors réorienté son point de vue sur les événements de 1936. Sa stratégie sera alors le déport du côté de la grande presse, des reportages, des voyages et de l’exotisme. 11 L’organisation d’anciens combattants des Croix de Feu, fondée en 1927, et dirigée par le lieutenant colonel de la Rocque à partir de 1930, recrutaient initialement les seuls titulaires de la croix de guerre. Blaise Cendrars renouvelle ainsi de manière très étonnante et iconoclaste le poème dédiée à une dame. Le train lancé à toute allure sur ses « roues vertigineuses » est poursuivi par des cris, dont on note l’isotopie : « bouches » « voies » malgré l’orthographe, « chiens de malheur qui aboient ». » (BP, p. 370-371). Le poète entraîne le lecteur dans un voyage qui l’éloigne des bornes figuratives de la poésie et l’emporte dans un maelström artistique : un mélange d’abstraction et de futurisme. Cendrars exprime une forme de déception vis-à-vis d’un peuple dénaturé et la nostalgie d’un ordre ancien, anéanti par la grande guerre. À ses débuts, il utilise brièvement les pseudonymes Freddy Sausey, Jack Lee et Diogène. Il adoptait le style rapide, pas débraillé, mais raccourci, fonçant à toute vitesse vers l’essentiel. Blaise Cendrars (1887-1961), déjà célèbre, y fait la connaissance d’Oswald de Andrade et de Tarsila do Amaral. La question anodine de la localisation des voyageurs dans l’espace géographique est un lieu commun du voyage. 9 « Me voici l’eustache à la main. Le texte se déroule alors comme un accordéon qu’on déplie. Son point ultime en est « la guerre sophistiquée par la science » : fabrication de bombes, utilisation de gaz, de radiations, tous les moyens sont bons pour anéantir l’homme. Le discrédit jetée sur la poésie ou la littérature “pures” défendues pendant l’Occupation s’associe à celui qui pèse sur l’ensemble des idées de droite. Ses propositions, radicales, expriment avec une certaine dose de puérilité cet anarchisme latent qui fait le fond de sa pensée (ou de son absence de pensée) politique : « faire sauter tout le bataclan » (B, p. 425) ou arrêter de travailler (BP, p. 394) ! 5 Voir « L’actualité de demain » dans Histoires vraies [1930], Œuvres complètes, Denoël, t. III, 1960, p. 428 et Miriam Cendrars, Blaise Cendrars, Balland, 1984, p. 587. Il reprend la formule de Nerval « Je suis l’autre » et devient le « poète gauche » après l’amputation de son bras à la bataille de Champagne en 1915. Grenouillet, C. 2010. Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric-Louis Sauser, était un poète et écrivain suisse, naturalisé français en 1916. Frédéric Louis Sauser, dit Blaise Cendrars [sɑ̃.dʁaːʁ], est un écrivain suisse et français, né le 1er septembre 1887 à La Chaux-de-Fonds (Suisse) et mort le 21 janvier 1961 à Paris. 12À son retour des États-Unis (1936), il se met à fréquenter la bourgeoisie intellectuelle « anticommuniste, antisocialiste, antigauche13 », laquelle craint l’extension du mouvement social à une Révolution ; dans ce milieu où l’on préfère clairement Hitler à Staline, où se pratique l’amalgame entre les forces de gauche, Cendrars aurait écrit un texte, à coloration antisémite, pour une collection de pamphlets au titre évocateur : La France aux Français, et qui ne sera pas publié14. »Nous sommes loin, Jeanne, tu roules depuis sept jours […]Le train palpite au cœur des horizons plombésEt ton chagrin ricane…« Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? De nombreuses pages de L’Homme foudroyé annoncent La Banlieue de Paris. 28 Claude Leroy, préface citée, p. XI-XII. 2010. Selon la légende, Freddy Sausey devint poète à New-York dans la nuit du 6 avril 1912. La Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France est un livre d'artistes publié en 1913 aux éditions Les Hommes nouveaux.Il est composé du poème du même nom de Blaise Cendrars et des couleurs de Sonia Delaunay.. Cendrars intègre aussi l’image qu’il se fait des hommes et des femmes du peuple à sa propre quête identitaire et esthétique. C’est indéniablement en tant qu’homme du livre qu’il est désormais perçu4. OpenEdition est un portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales. Lieu sordide, envahi par un habitat anarchique et inhumain, où l’homme vit misérablement, dans la souillure, les déjections (qu’on épand sur les champs cultivés), les miasmes délétères émis par les usines ou les marais. La politique est trucage, combines malhonnêtes. Il était un romancier qui avait une influence considérable sur le mouvement moderniste européen. Le deuxième texte est dû à la plume féconde de Blaise Cendrars, grand poète et navigateur devant l’Éternel. De retour à Paris en 1950, il collabore fréquemment à la Radiodiffusion française. Nos éditions de référence sont : L’Homme foudroyé [1945], Denoël, coll. Ici, rappelons-le, le poème est dialogique : c’est une conversation entre le poète, alter ego de la personnalité hâbleuse de Cendrars, et la petite Jehanne. L’homme politique ne saurait donc être qu’un être vil, animé par la cupidité et l’intérêt personnel. Les hommes ne sont plus les mêmes, les valeurs anciennes du travail se sont perdues tandis que la politique a tout envahi, corrompant par son atmosphère délétère la simplicité d’autrefois, apportant la discorde dans les relations humaines (BP, p. 411). On a bien ici l'affirmation d'une nouvelle poétique, d'une nouvelle façon d’appréhender le monde, un nouveau monde, mais aussi une nouvelle façon d'utiliser le langage poétique pour traduire ce changement profond d’identité. Le problème de cette conception de la temporalité proprement poétique appliquée au présent moderniste dans la poésie d’Apollinaire, Cendrars et Reverdy est que le temps vertical « bouleverse le temps même de la vie », comme Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search. Cette posture, littéraire autant que politique, était entièrement nouvelle dans les années trente31. 21 Toutes ces affirmations sont rattachées, à rebours de la crédibilité la plus élémentaire, à l’année 1924, date à laquelle Cendrars dit avoir « sent[i] venir tout cela »…. Il se lie d’amitié avec des hommes qui se sont engagés dans la Résistance, tel le peintre Laurin (voir HF, p. 336) pilotis du Mick de L’Homme foudroyé ou Raymond Léopold Brückberger, futur aumônier dans les Forces Françaises Intérieures. Cendrars cloue au pilori ceux qui craignent la Révolution et la Ceinture rouge, tel cet homme qui, en 1937, déclarait à sa femme : « Mimi, réveille-toi. 28Polémiquant explicitement ou non avec les positions de Sartre (LC, p. 311) ou celles d’Aragon, Cendrars s’attache à critiquer la notion d’engagement présentée comme « le conformisme de la dernière génération des écrivains » (LC, p. 198). Dans ses premiers romans (1920-1930), Cendrars ne se réfère quasiment jamais au peuple, sauf ponctuellement dans Moravagine : « Peuple magnifique de Levallois-Perret et de Courbevoie, peuple en cotte bleue, peuple de la voiture-aviation, il n’y a que toi d’admirable […]29 ». Ça oui. Cendrars … 26 Dès « Le principe de l’utilité », texte figurant dans Moravagine (1926). Grenouillet, C., & Reverzy, É. État, régime, dictature, capitalisme, communisme, tous ces termes sont équivalents sous la plume de Cendrars : ils renvoient à une insupportable coercition pesant et entravant le libre développement de l’individu, sa singularité et son énergie. Dès lors, « le genre humain peut toujours crever, faute de pain, esclave des machines et sous la coupe des politiciens et des fonctionnaires […] » (LC, p. 195). Marquée par le primitivisme et le vitalisme, cette vision du monde est héritée de ses années de formation et de ses maîtres anarchistes. Elle signale aussi qu’elle-même et son frère Rémy ont toujours eu des convictions ancrées à gauche. Grenouillet, Corinne, et Éléonore Reverzy. 46Ces « hommes libres » d’autrefois (HF, p. 220), ces « petits gars indépendants », souvent des compagnons du tour de France, sont le type d’ouvriers que célébraient Henry Poulaille et les écrivains prolétariens proches de l’anarchosyndicaliste dans les années trente… alors même que cette catégorie socio-professionnelle avait déjà en grande partie disparu au moment de l’écriture, cédant la place aux ouvriers d’industries. 27Le Prière d’insérer du Lotissement du ciel (1949) invite les jeunes gens à se défier de la tromperie politique moderne. Le deuxième texte est dû à la plume féconde de Blaise Cendrars, grand poète et navigateur devant l’Éternel. 49Cendrars est un écrivain de tout premier plan, qui ne saurait toutefois être réduit à l’image appauvrie qu’une sélection de passages trop ouvertement idéologiques pourraient donner de lui. Le chantre du monde moderne, des autobus et des affiches, du machinisme et de l’esprit nouveau des années vingt s’est mué en un homme inquiet qui assiste à la déliquescence de notre monde occidental sous l’effet de la guerre, de la science et du matérialisme. 20 « L’actualité de demain » (Histoires vraies, op. Le texte est en effet un accordéon de papier, qu’on déplie pour lire les mots du poème et pour regarder les formes colorées de Delaunay. L’œuvre de Cendrars témoigne peut-être de l’impossibilité d’échapper totalement à la question politique lorsqu’on souhaite à tout prix prendre ses distances avec elle…. C’est là qu’en 1943, après trois années de silence marquées par la profonde douleur de voir la France envahie, Cendrars reprend la plume pour une intense période d’activité créatrice : il écrit les quatre impressionnants volumes de ces mémoires « qui sont des mémoires sans être des mémoires ». ; REVERZY, Éléonore (dir.). authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books. Ses textes laissent sourdre les grandes craintes de l’après-guerre, consécutives à Hiroshima, telle la survenue d’une guerre atomique. Vérifiez si votre institution a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books. C - 13013 Marseille FranceVous pouvez également nous indiquer à l'aide du formulaire suivant les coordonnées de votre institution ou de votre bibliothèque afin que nous les contactions pour leur suggérer l’achat de ce livre. 54S’il entend échapper à la question politique, Cendrars ne peut donc totalement s’empêcher de l’effleurer : c’est qu’on n’écrit pas dans une tour d’ivoire quand on se veut écrivain du monde entier et au cœur du monde. La deuxième guerre mondiale est déclarée le jour de son anniversaire : il a 52 ans. Ainsi les révolutionnaires brésiliens du Fronte Verde en 1936 (Front de Verdure, LC, p. 209) ne sont rien d’autres que des « mécontents », des « broussards ou des bledards » qui ont tout saccagé à Santa Rita de Paranaiba (LC, p. 209) avant que leurs ardeurs ne soient rapidement anéanties par le climat des Tropiques (LC, p. 210). 14 Myriam Cendrars, fille et biographe de l’écrivain, cite un extrait de ce texte (figurant dans les archives Cendrars de Berne) dans sa biographie de 1984, mais le raye de sa version de 1993, comme si elle entendait laver son père d’un possible soupçon d’antisémitisme. Réformé, car trop âgé et de surcroît amputé, Cendrars trouve à s’engager à sa manière en devenant correspondant de guerre de la British Expeditionary Force, expérience dont il tire un volume Chez l’armée anglaise16, à la jaquette bleue-blanc-rouge (couleur de la France et de ses alliés britanniques). En 1926, il écrit L’Eubage , voyage intersidéral au cours duquel des marins lèvent l’ancre et se rendent dans les parages du ciel : La personnification sardonique renvoie au sadisme du poète vis-à-vis de Jehanne. L’influence de Stirner a été décisive sur sa formation intellectuelle. Dailleurs Apollinaire ne sy trompe pas. les poètes en 1913 ne cherchent plus la symétrie du vers mais une forme poétique nouvelle et moderne qui passe par le vers libre. Celui-ci n’apparaît jamais que sous les auspices du politicien, spécialiste des magouilles et des « atermoiements » qui est le « don des politiciens en République » (HF, p. 372). Le commentaire dilue la question politique dans une vision apocalyptique de la fin du genre humain, anéanti par la guerre (les gaz) ou plus vaguement encore asphyxié, terme dont on se demande s’il faut l’entendre au sens propre ou au sens figuré. 34Leurs destins singuliers font l’objet de pages émouvantes, généralement marquées par l’empathie du scripteur. En banlieue nord, les lotissements sont imbibés d’eau, le décor industriel désespérant (BP, p. 418). Suisse légionnaire engagé volontaire dans la première guerre mondiale, Frédéric-Louis Sauser invente un pseudonyme évocateur du destin du Phénix et renaît de ses cendres sous son nouveau nom, Blaise Cendrars :  Blaise, la braise et Cendrars, les cendres. « Nous sommes un orage sous le crâne d’un sourd… ». La tétralogie fait ainsi perdurer une représentation de la politique forgée dans les années 1910-19303, où le rapport au peuple et à la question politique relève de l’émotionnel, de l’irrationnel, de l’affectif, et non d’une forme d’engagement partisan, posture violemment décriée par l’écrivain. In Grenouillet, C., & Reverzy, É. Les pointes polémiques s’appuient aussi sur ces antagonismes anciens, d’ordre esthétique. Sur le point de publier Alcools… Le cadre plus général d’une politisation excessive du champ littéraire, sinon de la Littérature, permet de mesurer l’originalité (et la marginalité) de la position de Cendrars dans les années d’après-guerre. 37Le terme de déclassé revient souvent sous la plume de Cendrars (BP, p. 378). 30 Cendrars féminise le nom des gitans dans L’Homme foudroyé. 16À partir du 14 juillet 1940, Cendrars s’installe à Aix-en-Provence où il vivra jusqu’en 1948. Très jeune, il entreprend de grands voyages : d’abord la Russie, à 17 ans, puis New York en 1911, où il écrit sa première œuvre poétique, publiée. 36Depuis j’en suis… Cette fusion de l’intellectuel avec l’homme du peuple dans la souffrance partagée, la boue, le sang et l’horreur des tranchées, nombreux sont les écrivains qui ont pu en connaître l’expérience, souvent décisive dans les engagements politiques ultérieurs. Quant au quotidien Le Jour, Cendrars y donna des articles en novembre 1936. Or, rappelle Michèle Touret, dans L’Unique et sa propriété (1899) Stirner « compare la société à une prison car le sujet qui s’y trouve ne détermine pas les relations qui s’y manifestent22 ». 39Plusieurs personnages témoignent de la déchéance sociale inexorable que connaît le parisien conduit à émigrer en banlieue, telle Mme Caroline dans L’Homme foudroyé (HF, p. 353). Les quatre textes sont des « arts poétiques » qui illustrent des moments forts dans l’évolution de la poésie : Boileau énonce quelques-uns des principes du classicisme, Hugo rappelle la révolution romantique contre le classicisme, Rimbaud prophétise ce que sera la poésie « universelle » et Cendrars revendique une liberté poétique totale. Connu du grand public comme écrivain du voyage, grand reporter, conteur à la faconde inépuisable, Cendrars apparaît désormais comme un écrivain du secret, à l’écriture complexe et parfois ésotérique, où l’intertextualité la plus sophistiquée est mise au service de vastes constructions pseudo-autobiographiques. Sur le moment non plus, Cendrars n’a pas offert de textes qui auraient permis une compréhension politique de son engagement, même si J’ai tué, texte écrit en 1918 et qui provoqua une gêne considérable en raison de l’apologie discrète du meurtre qu’on croyait y lire, n’est pas totalement dépourvu d’analyse politique. Une partie du poème est consacrée à Jeanne, jeune fille frêle et prostituée originaire du quartier de la fête parisienne, Montmartre. GRENOUILLET, Corinne (dir.) La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France, composée de quatre cents "formules" inégalement rimées et rythmées, est la version poétique d'un premier voyage que Cendrars entreprit, à l'âge de seize ans. 23 Voire « Rotterdam » dans Bourlinguer et LC, p. 30. »… Cette question fait tourner court l’interrogatoire. Merci, nous transmettrons rapidement votre demande à votre bibliothèque. Blaise Cendrars, de son vrai nom Frédéric Louis Sauser, est né en 1887 en Suisse. 10 Aragon, « Et comme de toute mort renaît la vie », préface aux Voyageurs de l’Impériale, Gallimard « Folio », 1965. On sait que Cendrars adolescent, mauvais élève, est envoyé faire un apprentissage chez un joailler en 1905 à l’âge de 16 ans. Il se projette dans de nombreux doubles qui sont autant de miroirs à la construction symbolique qu’il opère de lui-même dans ses « Mémoires ». « Folio », DL 2004 (désormais HF) ; Bourlinguer [1948], Denoël, coll. Et ce poème claque dans le ciel de la poésie comme un véritable coup de tonnerre. Dès le début de la guerre de 14-18 il s'en… Les hommes politiques sont des fripons, dont sont victimes de pauvres gens dupés. Ce mouvement se rapproche du Parti communiste sous l’action d’Aragon. « Tout autour d'aujourd'hui » no 12, 2005. 42La déploration devant cette « ruée vers la misère » (HF, p. 339) et les escroqueries immobilières dont sont victimes les pauvres émigrants en banlieue conduit même Cendrars à comprendre sinon à épouser « les justes revendications » des ouvriers qui « ont le droit de vivre et [qui] n’ont rien à perdre » (BP, p. 366-369). Les pauvres habitants de cette banlieue insalubre en font les frais. Par association d’idées, on peut noter l’isotopie citadine de « plombé » qui renvoie aux constructions urbaines faites de plomb, ne laissant plus au ciel rien de naturel. Cela a tendance à montrer son irrévérence envers la musicalité classique de la poésie qu’il congédie en optant pour le vers libre. […] L’expérience de plusieurs civilisations. 19Sous sa plume, le refus du politique prend la forme d’énoncés sentencieux, d’anathèmes ou de diatribes plus ou moins développés, identifiables dans l’ensemble du corpus. 17 Gisèle Sapiro, La Guerre des écrivains, Fayard, 1999. Une œuvre aussi singulière et complexe qu’il nous est Il aurait été témoin de la révolution russe. Le Transsibérien  est le « le premier livre simultané » en accordéon. Problématique et découpage du texte en mouvements : Comment la modernité des vers figurent-elle le voyage hallucinatoire du poète dans le transsibérien ? C’est la ceinture rouge qui bouge. Le poème, première œuvre « simultanée » créée de concert avec Sonia Delaunay, est parue illustrée de formes abstraites colorées de la peintre. Deuxième partie : la vitesse vertigineuse du train qui déforme le paysage (V.8-12). Ce poème est considéré comme un manifeste de la poésie moderne. L’ « orage » que constitue le poème est résumé dans le pronom personnel « nous » qui en englobe tous les mots. « Folio », DL 2003 (désormais B) ; La Main coupée [1946], Œuvres complètes, Denoël, t. V, 1960 (désormais MC) ; Le Lotissement du ciel [1949] et La Banlieue de Paris [1949], textes présentés et annotés par Claude Leroy, Denoël, coll. Cendrars ressent ce changement dans les conditions d’exercice du travail comme le passage à un règne de « profiteurs » ou de « magouilleurs », qui s’est accompagné d’une modification radicale tout à fait insupportable : le peuple s’est politisé et depuis, le langage est devenu autre, ce qui affecte même la poésie. à Paris. Victime d'une congestion cérébrale le 21 juil… 31Les hommes politiques réels, apparaissent, eux, rarement dans notre corpus, et presque toujours en mauvaise part ; seul Churchill échappe à la condamnation générale pour sa « parole vivante et prophétique » (LC, p. 30) : Blum est montré fessé lors d’affrontements avec le PPF à Saint-Denis (BP), Roosevelt donne dans le « prêchi-prêcha abstraitement démocratique » (LC, p. 30), Reynaud est qualifié de « patron de la sainte Morve » (LC, p. 70). 30Dans ce contexte, le lecteur n’est pas étonné de la détestation de Cendrars pour le “type” social de « l’homme politique ». Cet extrait du poème est sous la forme d’une ballade dont le refrain enfantin de la petite Jehanne est « Dis, Blaise, sommes-nous bien loin de Montmartre ? C’est la musique dissonante du train qu’entend le lecteur, ce « broun-roun-roun des roues ». Deux personnages correspondent à cette définition, les maris de Paquita et de Caroline dans L’Homme foudroyé. © Presses universitaires de Strasbourg, 2010, Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540. 9Une seule raison est avancée, marquée par l’affectivité, voire teintée d’irrationalité : Parce que je déteste les boches. 11Dans les années vingt, Cendrars a rompu avec l’esthétique de la main droite, selon l’expression de Claude Leroy. Présentée et soutenue publiquement le 12 décembre 2014 par Fabienne Liger Marié Sous la direction de M. le Professeur Gérard Dès l'âge de 17 ans, il quitte la Suisse pour un long séjour en Russie puis, en 1911, il se rend à New York où il écrit son premier poème Les Pâques (qui deviendra Les Pâques à New York en 1919). Correspondant de guerre dans l'armée anglaise en 1939, il quitte Paris après la débâcle et s'installe à Aix-en-Provencea. (Eds.) […] Aujourd’hui, ma véritable famille se compose de pauvres que j’ai appris à aimer non par charité mais par simplicité, de quelques très grandes dames que j’ai rencontrées dans la vie et à qui je suis resté fidèle comme elles me le sont restées elles-mêmes, ces chères amies, de deux, trois têtes brûlées, comme mon vieux copain Sawo de la Légion Étrangère, que j’ai connu au front et qui, depuis, s’est fait gangster. 16 Ses reportages parurent dans divers quotidiens entre le 15 février et le 30 avril 1940 (Miriam Cendrars, op. 8 Claude Leroy, La Main de Cendrars, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1996. 5 Blaise Cendrars, Le lotissement du ciel, Paris, Gallimard, coll. La prose du transsibérien et la petite Jehanne de France, « Blaise, dis, sommes-nous bien loin de Montmartre  ? Ne lit-on pas dans une autre partie du Transsibérien : « Pardonnez-moi de ne plus connaître l’ancien jeu des vers comme dit Guillaume Apollinaire » ? dans BP, p. 427), mais martèle aussi : « l’usine, c’est le bagne ». Blaise Cendrars (1887-1961) mène d'abord une vie d'aventurier et de bourlingueur avant d'écrire et de publier ses premiers poèmes. « Lettera », 1977. 15 Période moins connue de son activité, moins étudiée, sauf dans une thèse : Gérard Bildan, Blaise Cendrars, conteur d’histoires vraies (1935-1940) : Histoires vraies, La Vie dangereuse, D’oultremer à indigo, sous la direction de Pierre Caizergues, Université de Montpellier, 1998. Ce fut le cas en 1943 lorsqu’il se remit au travail après le « silence de la nuit » de la défaite et de l’Occupation allemande (HF) : le « peuple » qui accompagne alors l’écrivain foudroyé revêt des accents évangéliques. Le poète accompagne son maître en joaillerie, chez qui il était en apprentissage, de Moscou à Kharbine, sur la ligne du Transsibérien. La guerre m’a profondément marqué. S’ajoute à la divergence de conception du rôle de l’écrivain dans la Cité, le conflit de générations qui oppose Cendrars (né en 1887) à la génération d’Aragon de dix ans son cadet, de Sartre plus jeune de 18 ans, ou de Camus, dont 26 ans le séparent. Politiques de l’écriture dans les littératures postcoloniales, Drieu la Rochelle, ou l’écrivain (contre la) politique, , Presses universitaires de Strasbourg, 2010, , Presses universitaires de Strasbourg, 2020, , Presses universitaires de Strasbourg, 2018, Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, Recherches croisées Aragon - Elsa Triolet, n°16, Suggérer l'acquisition à votre bibliothèque. Ce train, le transsibérien dont il est question se fait le symbole d’un époque et d’un genre.

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