» [46] Cet exemple s’impose d’abord par la reproduction de l’hyperbate initial — figure de style bien plus rare en français qu’en italien — qui met ici en évidence l’importance des adjectifs-« notions » [47]. Il est l'auteur d'une oeuvre importante, poétique aussi bien que théorique, qui interroge sans relâche les rapports qu'entretiennent le monde et la parole. […] Elle sera alors comme un chiffre de transparence ; elle annoncera un mystère » ; Yves Bonnefoy, D’où peut-être la définition d’« intarissable, Je souligne. Parfois l'étoile du soir, celle qui vient seule, Parfois le feu sans rayons qui attend à l'aube. Autonomie de la récréation stylistique dont cet autre vers du sonnet LVII présente un admirable exemple : « Attendre, ou n’y plus croire : même fatigue », pour : « onde e ‘l lassare e l’aspectar m’incresce » [80] ; où l’on appréciera, en particulier, la prolepse qui par le nom « fatigue » nominalise le verbe « m’incresce », et le recours aux deux points remplaçant la double conjonction italienne paratactique « e ». Ce livre propose un examen approfondi de ces cinq traductions et de leur évolution, dans l'objectif de caractériser la poétique de traducteur d'Yves Bonnefoy. William Shakespeare (Auteur), Yves Bonnefoy (Préface, Traduction) 4,5 sur 5 étoiles 348 évaluations. Nouvelle traduction. Tombeau de Stéphane Mallarmé: Commentaires. Les deux occurrences italiennes du même mot « inganno » (v. 2 et 4) sont rendues par les deux termes différents d’« illusion » et de « rêves », signe d’une attitude exempte de tout littéralisme. C’est le cas de l’incipit de La sera del dì di festa : « Dolce e chiara è la notte e senza vento,/E queta sovra i tetti e in mezzo agli orti/Posa la luna, e di lontan rivela/Serena ogni montagna. Nouvelle traduction. Yves Bonnefoy. Traduction par Miguel Ángel Real (Les passages en italiques sont en français dans l'original, N.d.T.) Yves Bonnefoy. Enfin, un poète allait traduire un poète. D’ailleurs l’importance du sonnet comme structure formelle — en cela proche de grandes découvertes de la science expérimentale et du syllogisme — est telle qu’il arrive à lui attribuer la capacité de « mettre en question l’ordre social ! Voir les formats et éditions Masquer les autres formats et éditions. C’est la traduction poétique qui nous intéressera ici, et plus particulièrement le cas de la traduction du Hamlet de Shakespeare par Yves Bonnefoy, ce dernier considérant Shakespeare avant tout comme un poète. Laura Wilde - Wolkenbruch im 7ten Himmel. Yves Bonnefoy, « La traduction des sonnets de Shakespeare », Actes des congrès de la Société française Shakespeare [En ligne], 18 | 2000, mis en ligne le 01 novembre 2007, consulté le 19 décembre 2020. Yves Bonnefoy partage avec Philippe Jaccottet et d'autres poètes de la même génération le souci de ne pas se laisser leurrer par les jeux ou les facilités du langage, par le désir de l'infini, par tout ce qui relève du magique ou de l'angélique dans les discours sur la poésie, tels qu’ils demeurent plus ou moins tributaires d'une mythologie romantique de l'acte créateur. 19Mais l’un des buts fondamentaux d’Yves Bonnefoy dans cette traduction est de sonder « l’inexploré de la pulsion érotique » [81] du Canzoniere, « de porter la traduction d’un mot ou d’un vers un peu plus en avant que lui dans l’explicitation du désir ou du sentiment qu’il [Pétrarque] éprouve » [82], d’y faire affleurer « une pensée plus charnelle » [83]. Yves Bonnefoy: Top 3. Du point de vue prosodique, l’attaque de plusieurs vers est bâtie sur l’anapeste (–): « Ta fatigue […] » (au vers 2, mais aussi aux vers 5, 10, 11, 13, 14, 16 et 17). Enfin, la traduction au dernier vers de « del tutto » par « de tout ce qui est » (je souligne) confirme une fois encore le désir d’éclaircir par l’interprétation les termes métaphysiques de l’argumentation lyrique léopardienne : dans le but de revenir à cette « pure musique » [52] d’avant les mots, ouvrant sur l’immédiateté sensible de leur consistance matérielle — sur l’amoureuse « naïveté fondatrice » [53] de leur être. Voilà qui est fort évident dans les présences paradigmatiques des « feux », des « braises » et des « cendres » que remue la « vieille » du sonnet XXXIII [84] — où se voit déjà préfiguré tout le pétrarquisme du Ronsard de Quand vous serez bien vieille [85] ; l’image de la flamme associée au désir qui détruit l’amant revenant également au sonnet CXXXIII [86], comme aussi dans le jeu oxymorique de l’ardeur de la glace du sonnet CXXXIV [87] : brûlure d’amour qui, de la Dame, rend la « Bouche d’ange, superbe » [88], le regard une « merveille ! GRAND TRADUCTEUR DE SHAKESPEARE, 12 novembre 1959 La traduction qu'Yves Bonnefoy donne aujourd'hui de Hamlet et de Jules César a été annoncée comme un événement littéraire (1). Toujours dans le même poème, un procédé syncopé analogue préside peu après à l’allégorisation emphatique du mot « Nature » : à la fois par son initiale qui porte la majuscule, et par l’adjectif « onnipossente » nominalisé qui s’y rapporte (« E l’antica natura onnipossente », rendu par « De ma fenêtre, la Nature, l’originelle/ Puissance » [48]), de manière à expliciter la valeur philosophique du mot, dans le contexte de la réflexion lyrique du poète de Recanati. » [60] Or ce qui le frappe dans la poésie de Pétrarque, c’est la présence « d’un réseau serré de ce qu’aujourd’hui nous appellerions des stéréotypes » [61], dont la rhétorique semblerait l’éloigner « des intuitions que rien n’explique » qui furent celles d’Homère, de Virgile et de Dante [62]. » [49]. In this polemical essay, the author tries to understand and question this formal choice, which is at first sight … Les numéros de page à côté des sonnets cités se réfèrent à cette édition. Carlo Ossola, « Bonnefoy et Leopardi », in Daniel Lançon (éd.). Activité du site. D’où le choix de traduire la poésie en vers libres, avec la conviction que la traduction poétique appartient à titre plein à l’œuvre du poète-traducteur : ce qui suppose une affinité avec l’auteur qu’il traduit, dont il reprendra, sans l’imiter, le projet original en l’accueillant dans son propre univers linguistique et expressif [4]. Et boue est le monde. En 1960, il traduit Jules César, de Shakespeare. Since 1994, Yves Bonnefoy has been publishing his translation of Shakespeare’s Sonnets in installments. Fabio Scotto, « La risonanza dell’altro. He has chosen an irregular form: each poem boasts between 14 and 20 unrhymed lines, although he claims to be always following « a (strict) four-stanza structure, with one, the last one, shorter ». Et l'oiseau à nouveau se hissera dans son vol. Chez Yves Bonnefoy donc, la pensée critique informe la traduction, selon une réciprocité chiastique entre poésie et pensée que Patrick Née a justement remarquée [26]. Yves Bonnefoy traduit « vie » par « existence » [36], « esser » par « existence » [37], les deux occurrences de « tedio » par « tristesse d’être » [38], ce qui signifie à mes yeux la volonté de situer l’aventure du pasteur dans le domaine de l’existence terrestre et dans la durée temporelle de la finitude humaine, ainsi que le désir de souligner la tristesse du taedium vitae pour l’être humain qui le vit, et qui en est bouleversé à chaque instant au plus profond de son être. Yves Bonnefoy (Tours, Indre-et-Loire, 24 de junho de 1923) é um poeta francês, autor de inúmeros livros de poemas, além de ensaios sobre arte e literatura. Yves Bonnefoy et le haïku 13 En 1972, quatre années après un voyage en Inde puis au Japon, Bonnefoy consacre un essai à Bashô, « La fleur double, la sente étroite : la nuée 25 » – la revue L’Éphémère publiant la même année une traduction du journal de voyage de … 17Ce souci d’incarnation de la poésie dans un intra-mondain constamment en dialogue avec l’autre monde du rêve ne peut se passer d’une réflexion préalable sur la forme du sonnet, qui définit, comme le cadre d’une peinture, l’espace du poème et le temps qu’il condense : d’où la volonté de « donner priorité à la récréation de la forme et le faire assez hardiment pour que celle-ci, coûte que coûte, se retrouve forme vivante et prenne ainsi un texte aujourd’hui trop peu parlant dans un resserrement qui pourra peut-être, en accentuant la netteté de chaque figure, en raviver les couleurs » [68]. Pas des lettres gauloises, du cyrillique. Repose, pour toujours. Lorsque en 1994 Yves Bonnefoy publie sa traduction des vingt-quatre premiers sonnets, pour une édition d’art à tirage limité1, il la fait précéder d’un essai intitulé "Traduire les sonnets de Shakespeare". Yves Bonnefoy, « La traduction des sonnets de Shakespeare », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, 18 | 2000, 47-62. Yves Bonnefoy : Hamlet en traducteur et Shakespeare en poète Pourtant, derrière l’apparence de ces stéréotypes — ceux d’une typologie féminine que le poète ne cesse de reproposer, aux caractéristiques vaguement mariales [63] et proches de l’iconographie picturale d’un Simone Martini ou d’un Taddeo Gaddi [64] —, se révèlent le pouvoir de désignation de l’être propre à la poésie, et le mystère des correspondances et des analogies d’un cosmos voulu par un Créateur — bien que l’idée de transcendance de l’époque de Pétrarque ait définitivement disparu de l’horizon moderne. Yves Bonnefoy est né à Tours (Indre-et-Loire) le 24 juin 1923. Par conséquent, le traducteur décidera de combattre « le stéréotype, […] cette sorte de réalité en puissance supérieure » [65] pour situer les êtres, selon une topographie plus horizontale que verticale dans « ce monde où l’on vit dans l’ordinaire des jours » [66], par un désir de la poésie d’être proche « d’une personne réelle soudain reconnue comme telle » [67]. de l'anglais et de l'italien par Yves Bonnefoy. 5 -5% avec retrait magasin 35€ Vendu par LIBR CHAPITRE 1 neuf à 35€ 7 occasions dès 20€48 Ajouter au panier Raturer outre - broché Suivi de Soient Amour et Psyché. 7Mais c’est surtout Yves Bonnefoy qui donne aujourd’hui en France un apport irremplaçable à la mise en valeur de Leopardi. Morte. Carlo Ossola remarque à juste titre le choix de traduire « questo vagar mio breve » par « cette brève errance qui est la mienne » [34], ce qui marquerait une affinité entre les errances nocturnes du pasteur errant léopardien et les poèmes en prose de La vie errante [35]. « La ponctuation en poésie est plus questionnante, plus risquée. Tous droits réservés pour tous pays. La traduction s'élabore, comme l'écrit Bonnefoy, « dans un rapport de destin à destin1 ». On y perçoit des ombres, sous des branches, Ce sont des voyageurs qui passent de nuit. À remarquer aussi — avec les modulations explicatives « sans un souffle » et « au-dessus des toits » — la suppression de l’adverbe locatif « di lontan », et le recours à la syncope rythmique par intensification de la ponctuation « désigne,/Sereines, […] ». Décédé le 1er juillet 2016. Cherchez des exemples de traductions Yves Bonnefoy dans des phrases, écoutez à la prononciation et apprenez la grammaire. Est morte, que j’ai crue qui serait sans fin. Pour ce même procédé stylistique, voir aussi. Une fois définies ces prémisses théoriques, la praxis d’Yves Bonnefoy agit sur la forme du sonnet en respectant la structure strophique traditionnelle de l’original, avec pour seules exceptions les sonnets CCXXV et CCXXVI [71] où, comme il arrive pour certaines de ses traductions des sonnets de Shakespeare [72], l’on assiste à une incrémentialisation de la quantité globale des vers : celle, ici, des deux quatrains italiens qui deviennent deux quintils. Ce même procédé de focalisation de l’attention sur un substantif, ou sur un adjectif substantivé isolé par le présentatif, revient aussi dans l’interprétation personnelle plus libre de certains passages de l’original, comme au sonnet XXXIII : « Lorsque mon espérance entra dans mon cœur,/La presque morte » traduit « quando mia speme già condutta al verde/giunse nel cor » [78], où il est évident que « La presque morte » (qui est l’espérance) n’est qu’une invention du traducteur — et d’autant plus personnelle qu’elle semble renvoyer directement à un stylème de sa poésie récente : « la sans-visage » de « La maison natale » [79]. Yves Bonnefoy traducteur de Keats page 2 sur 10 Maxime Durisotti Aix-en-Provence, 3-5 décembre 2008 traducteur à parcourir à nouveau le chemin parcouru par le poète étranger. L'écume, le récif: 3. Qu'on a cru voir briller entre deux arbres. Est la vie, et jamais rien d’autre. 1. Vous n’êtes actuellement pas connecté(e) en institution. Vous devez vous identifier ou créer un compte pour écrire des commentaires; Music Tales. 4La réception de Leopardi en France a été somme toute tardive, à cause d’un préjugé réducteur qui en a fait, aux yeux des Français, moins le poète romantique que le philosophe pessimiste proche de Schopenhauer : d’où leur tendance à négliger une pensée ressentie comme essentiellement négative et ennemie de l’optimisme des Lumières, si l’on en croit Armand Monjo : 6Carlo Ossola a montré la contradiction implicite dans ce défaut réceptif de la part de la France, vu l’amour que Leopardi voue à tout ce qui est « étranger » [10], en particulier le français, « langue sœur » de l’italien [11] ; pourtant il faut considérer l’influence jouée encore à l’époque par la langue et la culture françaises dans le domaine littéraire italien — il suffit de penser au bilinguisme littéraire d’un Alessandro Manzoni — pour y voir une tendance très diffusée et fréquente au temps de Leopardi. Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info. Le choix de bannir tout archaïsme lexical fait inévitablement perdre certaines nuances musicales et sémantiques de la polysémie de l’original : c’est le cas du mot-clé « ricordanza » — dont le traducteur saisit pourtant bien la valeur de mot-valise contenant aussi les lexèmes italiens « cor » (cœur) et « danza » (danse) [42] —, sorte de souvenir cher au cœur dont le seul mot français de « souvenir » (utilisé dans la traduction de Alla luna [43]) ne peut nullement rendre la richesse — mais comment faire autrement en français ? 1Ayant déjà consacré à la théorie et à la pratique de la traduction d’Yves Bonnefoy deux études récentes [1], ainsi que plusieurs autres articles aux problèmes posés par la traduction de sa poésie en italien [2], j’éviterai ici de revenir longuement sur ces thèmes pour approfondir plutôt, dans ses implications théoriques et pratiques, le travail d’Yves Bonnefoy sur Leopardi et sur Pétrarque, les seuls deux grands poètes italiens qu’il ait traduits. On voit bien que ce projet d’actualisation par la traduction se propose de respecter la forme tout en agissant sur les modalités expressives, de manière à faire parler Pétrarque « pour nous, hommes et femmes d’une époque tout autre » [69], seule façon de « préserver le poétique dans le poème » [70]. Distribution électronique Cairn.info pour Armand Colin © Armand Colin. 13Voyons maintenant la traduction de A se stesso, utile pour montrer à la fois les stylèmes dominants d’une réécriture et d’une herméneutique sous-jacente : 15Sur le plan quantitatif, constatons tout d’abord l’incrémentialisation qui rallonge l’original d’un vers : ce qui implique que le traducteur travaille sur le texte dans son ensemble, et non pas sur chaque vers en tant que tel. La reproduction de l’hyperbate de l’original (« Or poserai per sempre,/Stanco mio cor. Et sa traduction est, certes, extraordinaire. Courbés, le dos chargé d'une masse noire, Certains semblent attendre, d'autres s'effacent. », et les « doigts déliés, délicats […] / […] nus » de sa « belle main » gantée, un cruel instrument de torture appliqué sur les « plaies » [89] de l’amant déçu. • Jean-Pierre Richard, « Yves Bonnefoy entre le nombre et la nuit », Onze études sur la poésie moderne, Seuil, 1964 Méprise. Tu as assez battu. 11L’écriture traductrice d’Yves Bonnefoy est caractérisée par un certain nombre de stylèmes et de procédés récurrents que les quelques exemples qui suivent se proposent de mettre en évidence. Longtemps plus connu en France comme patriote et surtout comme philosophe pessimiste, que comme poète, la renommée de l’auteur des, Car la lune à laquelle s’adresse le berger et ne cessent de s’adresser nombre d’autres poèmes de Leopardi, lune “, Ta fatigue, mon cœur. Rien ne mérite tes fièvres. Il faut dire aussi que le traducteur doit se servir des moyens dont il dispose dans sa langue ; on voit que dans le même texte, le verbe français « se remémorer » rend beaucoup mieux (y compris du point de vue phonique) l’original italien « rimembrar » [44] ; on connaît bien en tout cas la position d’Yves Bonnefoy qui exclut notamment toute possibilité d’équivalence phonique entre deux langues, en raison des différences prosodiques et de la valeur autre qu’acquiert le même son dans chacune d’entre elles : « D’une langue à une autre à ce plan des sons, qui sont toujours en rapport étroit avec le sens, aucune possibilité de transposition réelle, rien que des vagues ressemblances qui n’abusent que ceux qui ne savent ni écouter ni comprendre. You are currently viewing the French edition of our site. De ce point de vue, un approfondissement du travail de traduction consacré à l’œuvre de Leopardi et de Pétrarque, vu en rapport aussi avec la réflexion critique qui l’accompagne et l’enrichit, pourra constituer un moment intéressant, et à bien des égards révélateur, de la poétique de l’Auteur ; poétique qu’une analytique minutieuse, fondée sur des exemples textuels encore jamais proposés dans mes études précédentes, se propose de mettre en lumière. » [75]. La traduction des vers 6 à 9 est exemplaire de la liberté que prend le traducteur de scander par une ponctuation modifiée et personnelle les différents syntagmes constituant la période [51] : usant d’une ponctuation où les deux points introduisent une prolepse, et ou le point virgule (ici au vers 10) se trouve souvent remplacé par un point ; ce qui implique certaines répétitions explicatives comme celles de « Méprise » (aux vers 14 et 16) dans la partie finale du poème. 10Le contre-exemple de la traduction des premiers vers de L’infinito fait preuve, en l’occurrence, d’un souci de fidélité plus sourcier, lorsqu’avec le choix du singulier « cette haie » [39] il résiste à la tentation de traduire « questa siepe » par un pluriel (« ces haies ») — solution qui aurait alors suggéré une tout autre sorte de paysage : celui du rêve d’une possibilité pour le poète de « chercher plus loin, voir plus loin, espérer encore, malgré la mort, comme le berger dans les dunes de l’Asie » [40] ; car il lui faut garder l’idée substantielle et spatio-temporelle d’« un sentiment très marqué de la proximité et même de l’ampleur de “questa siepe”, de “cette haie-ci”, toute proche […] » [41]. Yves Bonnefoy - Yves Bonnefoy, né à Tours (Indre-et-Loire) le 24 juin 1923, est un poète, essayiste et traducteur français. 3Critique de la notion d’« Ursprache » de Walter Benjamin [5] et de la perspective herméneutique — à son avis trop sémanticiste — de George Steiner [6], Yves Bonnefoy, plus proche de la pensée d’Antoine Berman [7], nourrit sa pratique d’une constante réflexion sur les auteurs et sur leurs œuvres, qui accompagne presque toujours la publication de ses traductions [8] : signe évident qu’il vise une poétique du traduire, où la pensée et la création littéraire s’intègrent mutuellement. Son ouvrage L’Enseignement et l’exemple de Leopardi [12] lui reconnaît même « un surcroît de grandeur » [13] par rapport aux autres « grands poètes » [14] de l’époque (Hölderlin, Wordsworth, Hugo, Nerval, Baudelaire), Leopardi ayant été le premier à percevoir « […] que la réalité naturelle, celle au sein de laquelle nous sommes immergés, n’est rien de plus qu’une matière muette, aveugle, dans les plis de laquelle il n’y a aucune surnature […] » [15] ; alors que la poésie romantique s’identifie à une « […] pensée du divin que l’on peut dire encore théologique » [16]. Ses parents, originaires du Lot et de l’Aveyron, étaient, l’un, ouvrier monteur aux … Dans l'étincellement qui va sans lumière. Sur le plan métrique, à l’alternance de l’heptasyllabe et de l’hendécasyllabe de l’original correspond un vers libre allant de six à treize syllabes, mais dont la longueur la plus récurrente en compte douze — bien que son schéma s’éloigne des coupes traditionnelles de l’alexandrin. You might also want to visit our International Edition. Mon ultime illusion. Collectif Yves Bonnefoy Christophe Gallaz Nicolas Raboud Christian Zacharias Nadja Maillard Marie Andr é. Fabio Scotto, « Yves Bonnefoy e Leopardi : tra critica e traduzione », J’ai créé, pour définir les conséquences de cette interprétation, le terme «. Paroles et traductions - Yves Bonnefoy: Aux arbres, Le puits, L'écume, le récif, Tombeau de Stéphane Mallarmé, Un souvenir, La foudre, L’arbre, la lampe Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Un autre trait saillant de l’herméneutique caractérisant cet art de traduire, c’est celui de la palette lexicale des nombreux termes à valeur ontologique. Read about music throughout history Read. On voit bien ici la pensée critique à l’œuvre dans le travail d’interprétation et de réécriture qu’entreprend Yves Bonnefoy : si la poésie doit coïncider avec « la capacité d’aimer » [23] et d’espérer, Leopardi, dont il ne nie ni l’amertume ni le désarroi face au taedium de l’existence, ne peut nullement être le poète du désespoir [24] ; mais il sera capable d’« avoir l’intuition qui permet à la poésie de sortir de l’impasse où la pensée du non-être risque de la faire se perdre » [25]. Shakespeare : quatre sonnets sous chacun deux formes suivi de Dix-neuf autres sonnets In : Yves Bonnefoy : L’amitié et la réflexion [en ligne]. Il s’agit en effet de ne jamais séparer l’œuvre du monde, et de reconnaître à cette activité le rôle capital qu’elle mérite dans l’histoire des formes littéraires et dans la poétique du discours ; ce qui suppose que les textes revivent dans d’autres langues par des gestes poétiques de la subjectivité écrivante, capables d’en prolonger la leçon. L’infinito des Canti est, d’après Yves Bonnefoy, le texte qui mieux que tout autre témoigne de la proximité-différence unissant Leopardi au romantisme : car il remplace la tendance romantique à l’identification avec le symbole (qui correspondrait à l’état d’esprit du poète) par le rêve de qui souhaiterait « […] s’évader du monde visible […] se perdre dans l’abîme de l’incréé » [18]. Traduction et mémoire poétique, Dante, Scève, Rimbaud, Proust (2007) avec Yves Bonnefoy (1923-2016) comme Préfacier Nul ne s'égare (2006) avec Yves Bonnefoy (1923-2016) comme Préfacier Pour Bonnefoy, le texte est une rencontre vers ce qui est proche, mais aussi étranger – son activité de traducteur en témoignera. Quand le seau touche l'eau, qui le soulève, Shakin' Stevens - Merry Christmas Everyone, Hubert Clos Lus - Soleil rouge sur Hambourg. Le voici donc, accompagné de sa belle traduction par Yves Bonnefoy (« Le faucon ne peut plus entendre le fauconnier ») : THE SECOND COMING. 20Le Pétrarque d’Yves Bonnefoy se montre donc érotiquement plus proche de la terre et de ses désirs que du dualisme platonicien (et platonique) [90] ; sa traduction l’enracine dans l’Un du lieu terrestre et lui fait préférer la « grâce enfantine » [91] de Laure, et la pierre des rochers, aux ténèbres surmontant les pentes du Mont Ventoux. Cahiers de L'Herne, L'Herne, 2010. Le voyage de l'homme, de la femme est long, plus long, C'est une étoile au bout du chemin, un ciel. Édition bilingue. YVES BONNEFOY. Le destin n’a donné que de mourir. 16Le corpus des travaux d’Yves Bonnefoy sur le « fondateur de la République des Lettres » [54] est essentiellement constitué par sa traduction de Dix-neuf sonnets de Pétrarque [55], suivi de l’essai « Le Canzoniere en sa traduction. Vous avez été déconnecté car votre compte est utilisé à partir d'un autre appareil. Mais toujours l'eau est close, au fond du puits. Traduction et critique poétique, numéro spécial de la revue Littérature, P. Née éd., n° 150, juin 2008; Cahier Bonnefoy [4], Odile Bombarde et Jean-Paul Avice (dir. Dans cette perspective, la traduction qu’Yves Bonnefoy donne de ce grand poème léopardien [19] — traduction que j’ai déjà analysée [20] en montrant, surtout dans sa clausule, un éloignement de la structure anaphorique et de la valeur tragique du mot « naufragar » [21] — se révèle pourtant cohérente avec ce qu’il écrit dans son essai sur ce poème, qui opposerait le rêve à la cruauté de la nature, et l’esprit à l’ennui, pour « désirer le non-être comme le refuge paradoxal de la réalité proprement humaine » [22], jusqu’à le percevoir comme le lieu illimité de l’infini. L’exemple de la traduction du Canto notturno di un pastore errante dell’Asia [27] témoigne de cette pensée à l’œuvre dans et par la traduction, comme son essai Traduire Leopardi [28], où Bonnefoy justifie la liberté qu’il a prise de traduire la locution italienne « seguirmi viaggiando a mano a mano » [29] — qui signifie en italien peu à peu, et a donc une valeur temporelle — par « Ou me suivre, main dans ma main près du troupeau » [30] ; en assumant donc, par ce glissement métonymique, la responsabilité d’« assurément dire plus que Leopardi, si ce n’est pas même dire autre chose » [31] du fait de sa conviction qu’une identification de la lune (interlocutrice muette du pasteur) avec la femme dont le poète a rêvé, est possible : 9La nécessité et le courage de l’interprétation sont à la base de cette décision traductrice, à partir de laquelle d’autres découlent en chaîne : comme par exemple celle de traduire « Vergine luna » par « Ô lune,/ Ô vierge » [33], double vocatif séparant le substantif de son épithète, et supposant explicitement une vision anthropomorphique féminine du symbole (la vierge). 18En ce qui concerne les autres solutions adoptées, on peut remarquer une tendance stylistique très fréquente à l’articulation en deux fragments de certaines images qui en principe n’en font qu’un. Yves Bonnefoy, œuvres complètes, traduction d'une quinzaine d'œuvres (1951-1998) [5], [6]. It is filled with translated abstracts and articles from key French-language journals. Leopardi, cinquante ans avant Mallarmé, découvre le vide du Ciel et trouve le Néant qui sera après pour Nietzsche « […] le seuil nécessaire de la modernité de l’esprit » [17].
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